Pour faire face à l'urgence climatique et sociale, l'excellence scientifique et technique des élèves-ingénieurs doit être alliée à l'excellence en soft skills.
Dès lors que l'on se réfère à la norme ISO 9001, qui préconise d'élaborer un référentiel de compétences pour planifier, organiser et améliorer les compétences d'une organisation, il faut disposer d'un référentiel de soft skills.
On pourra alors consulter un ouvrage publié par
l'Afnor en 2003 sur une méthode pour bien construire un référentiel de
compétences [1].
Néanmoins, une étude réalisée en 2020 sur les référentiels de soft
skills publiés par des acteurs de référence
(Fédération Syntec, Erasmus+, l'Ecole polytechnique, l'Ecole Centrale Nantes,…) [2], a
fait émerger des questions à ce jour sans réponses définitives :
- Combien de soft skills le référentiel doit-il compter ? Par exemple, 25, dans un "document de travail" publié par France Stratégie [3], 10, dans le livret sur la période de formation humaine distribué aux élèves-ingénieurs lors de l'incorporation par l'Ecole polytechnique [4]?
- Quelle logique de présentation / organisation / classification des soft skills ? Par exemple, cinq classes, comme "cognitif, conatif, relationnel, émotionnel, environnemental" [3], ou trois classes, comme "aptitudes personnelles, aptitudes relationnelles, aptitudes générales en situation de responsabilité" [4] ?
- Quelles sources antérieures représenter dans le référentiel (dictionnaire Larousse, travaux académiques, énoncés originaux d'experts commandités par l'établissement,…) ?
- Le style de définition doit-il être normatif ? Par exemple, la "collaboration d’équipe [est] la capacité de l’équipe à partager les informations et les tâches afin d’obtenir les meilleurs résultats possibles" [3] ?
- Faut-il préciser des niveaux de pratique / maturité pour chaque soft skill défini par le référentiel ? [5]
- Faut-il prévoir une formation spécifique des [élèves-ingénieurs] pour leur parfaite compréhension des tenants et aboutissants de ce référentiel en vue des opérations les impactant directement (choix du parcours / expérience soft skills proposé par la [grande école lors de leur scolarité], entretiens soft skills, bilans individuels de stage, entretiens de projet de carrière,…) ?
- Quels outils mettre à la disposition des [élèves-ingénieurs] pour en faciliter un usage autonome ?
Pour une grande école d'ingénieurs d'excellence mettant en œuvre un référentiel de soft skills, le challenge est de pouvoir proposer des réponses satisfaisantes aux élèves-ingénieurs, qui sont non seulement des bénéficiaires de ce référentiel mais aussi des utilisateurs au profil particulier, celui d'être nourris aux sciences dures.
[1] Management des compétences – Construire votre référentiel, Alain Labruffe, Afnor, 2003
[2] Une étude sur les référentiels de soft skills, Do-Khac Decision, avril 2020
[3] Document de travail N° 2022-02- Les soft skills pour innover et transformer les organisations, Brieuc du Roscoät, Romaric Servajean-Hilst, Sébastien Bauvet, Rémi Lallement, France Stratégie, 2022
[4a] La période de formation humaine, X 2022, Ecole polytechnique
[4b] Les 10 soft skills du Livret de Formation Humaine de l'X, X-SoftSkills, avr 2020
[5] Méthodologie, Observatoire des métiers du numérique, de l’ingénierie, du conseil et de l’évènement (Fédération Syntec)